Assurance Invalidité Neuchâtel - Rapport d'activités 2020

11 rencontre régulièrement pour trouver des solutions. Nous n’avons bien sûr pas accès aux dossiers mé- dicaux. Par contre, l’AI et l’assurance perte de gain maladie y ont accès, ce qui leur permet de savoir jusqu’où on peut aller pour les solutions proposées, sans divulguer de secret. C’est important pour le collaborateur, il n’a pas besoin qu’il y ait encore de l’inquisition ou des doutes. On part toujours du principe que le collaborateur ne joue pas la comé- die – il y a bien sûr des moutons noirs mais cela reste l’exception. Quels sont les mesures et outils proposés par l’AI qui aident une entreprise comme Facchinetti SA dans sa gestion des cas d’incapacité de travail ? Notre pratique est de nous réunir pour voir s’il n’y a pas une possibilité de reprise à but thérapeutique, à temps partiel, sans exigence de rendement. Nous informons aussi à l’interne, sur le chantier, parce que ce n’est pas évident, surtout dans nos métiers, de dire aux collègues qu’on a besoin de s’asseoir, de rentrer à la maison pour se reposer. C’est tout un travail de communication à faire en interne, si- non, c’est voué à l’échec. C’est par ce biais-là, par des reprises partielles, qu’on peut arriver à remettre quelqu’un sur les rails. Sur les chantiers, c’est par- fois compliqué de faire travailler un collaborateur à temps partiel, alors on l’occupe au dépôt. Les indemnités AI sont aussi importantes. Quand je présente un projet à la direction, je n’ai pas besoin d’insister longuement. Mon directeur, Monsieur Pa- gani, me fait confiancemais je peuxm’imaginer que suivant le type d’entreprise, il faut batailler auprès du directeur financier ou du patron pour convaincre de la solution de réinsertion. Ce n’est jamais évident. Les annonces de détection précoce ont été une avancée importante de la part de l’AI. Avant, il fallait attendre une année d’incapacité de travail avant de déposer la demande. Cela allait long, le collabora- teur arrivait souvent en fin de droit au niveau perte de gain maladie avant que la décision ne soit ren- due. Il fallait alors dire au collaborateur qu’il devait aller voir les services sociaux parce qu’il n’avait plus de revenu. Là, on avait toujours de la chance avec notre patron, qui nous disait qu’il était exclu qu’on envoie un collaborateur aux services sociaux, que l’entreprise avancerait les rentes, en espérant que l’AI nous rembourserait par la suite. Pour cela, les annonces de détection précoce sont vraiment bien. Ce n’est pas évident, pour quelqu’un qui est malade depuis 2-3 mois d’avoir un contact avec l’AI. Sou- vent, ils me disent qu’ils ne comprennent pas, qu’ils veulent reprendre le travail, qu’ils ne veulent pas aller à l’AI, alors je dois leur expliquer la démarche. Et je tiens à le faire personnellement, ce n’est pas au conseiller AI de prendre contact avec le collabora- teur, ou alors, il le fait mais seulement une fois que j’ai discuté avec le collaborateur. Nous avons aussi la chance d’avoir pu introduire la retraite anticipée à 60 ans. Cela a joué un rôle fondamental dans le nombre de cas d’invalidité. Avant, on en avait beaucoup parce que, évidem- ment, quand quelqu’un a 57 ans, il lui reste huit ans à travailler, c’est quand même un petit peu plus compliqué. Par contre, avec la retraite à 60 ans, c’est devenu plus simple. Pour vous donner un exemple, j’ai deux collaborateurs « fatigués » par les rigueurs du métier qui sont en réinsertion pro- fessionnelle – financée par l’entreprise : on en a un au dépôt, un sur un chantier comme magasinier. Ils n’ont plus qu’une année ou deux à travailler, on les garde dans un poste adapté mais ça, c’est de notre propre initiative, nous jouons notre rôle sans l’aide des assurances. D’ailleurs, pour l’anecdote, au début d’un chantier, on est connu pour la première préoccupation du contremaître, qui est de savoir où on installera le grill, pour que nos équipes mangent chaud à midi. Cela a évidemment un coût mais on s’y retrouve. Il y a moins d’absentéisme ; l’hiver, ils mangent chaud, ils ne doivent pas se préoccuper de devoir préparer le repas à la maison. La fonction de magasinier sur le chantier était très courante par le passé mais avec la crise de la fin des années 1990, elle a disparu pour réduire les coûts. C’est un faux calcul. On a tenu rapidement à réintroduire cette tradition car elle fait sens, sur les chantiers. Ces postes nous permettent de garder des ouvriers

RkJQdWJsaXNoZXIy MTI1MTI3